Carcajou tabernak<p>Il faut nous apprêter à de très grandes joies<br>Parce que le Printemps avec toutes les soies<br>De ses fleurs, sa tiédeur, son odeur, son piment,<br>Hors les bourgeons vernis qui claquent follement<br>Va sortir, encombrant les jardins et les voies.</p><p>Déjà le bavardage et la fraîcheur des eaux<br>Dégonflent les gosiers innocents des oiseaux,<br>Parmi les arbres nus où le lierre s’empêtre,<br>Et, comme au bruit lointain d’une flûte champêtre,<br>Tout l’instinct se réveille et chante dans nos os.</p><p>C’est alors que, le long des heures bucoliques,<br>Moissonnant au soleil les grandes angéliques<br>Pesantes de bourdons au bout des prés en fleur,<br>Des paisibles matins aux soirs mélancoliques,<br>Nous voudrions saouler nos regards de fraîcheur</p><p>Jusqu’à ce que, parmi la verdure où l’eau brille,<br>Notre Âme figurât la petite chenille<br>Verte, enroulée au cœur d’une feuille de Mai,<br>Qui s’endort, confiée à l’abri qui l’habille,<br>Et se balance au gré du printemps parfumé.</p><p><strong>Lucie Delarue Mardrus</strong></p><p>Printemps</p><p>Sept poèmes terrestres, in Revue blanche, 1901</p><p><a href="https://corneill.es/tags/Poesie" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>Poesie</span></a> <a href="https://corneill.es/tags/LucieDelarueMardrus" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>LucieDelarueMardrus</span></a></p>