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#psychanalyse

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#Fanon, le film

Jean Claude Barny saisit la courte vie du psychiatre martiniquais au moment où il prend son poste à l'hôpital de Blida-Joinville en 1953. Frantz Fanon, n'a publié que sa thèse refusée "Peau noires et masques blancs" mais sa pensée est déjà toute dressée contre le colonialisme. Ce qui va la forger en génie est le déplacement vers cet autre angle d'attaque qu'offre l'Algérie où éclate la révolution de novembre 1954. Le psychiatre soigne tout le monde, l'armée et les pieds-noirs d'un côté, le peuple algérien et les fellaghas de l'autre - ce qui permet au film d'évacuer d'emblée tout manichéisme - Fanon expérimente des méthodes plus humaines sur les malades, ôte les chaînes qui les entravent, écoute la folie de chacun et remonte à sa genèse. Il se plonge dans l'exploration du trauma colonial : "Faire réaliser au colon que lui aussi est aliéné et qu'on ne peut pas soigner l'un sans l'autre, c'est le défi qui nous attend".

Recension suivie d'un entretien avec le réalisateur : blogs.mediapart.fr/viviane-can

Alors par contre, la dernière invitée de La dernière, qui est présidente de l'association des jeunes psychiatres et qui dit de la #psychanalyse que c'est « un cadre conceptuel sur lequel on peut s'appuyer », ça me pose un vrai problème. D'autant plus que je croyais que, malgré les formations qui ont du mal à changer en France, il était aujourd'hui relativement clair pour les jeunes psy que la psychanalyse est une pseudosccience…

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Donc l'équipe va faire 2h d'émission avec une psychiatre sans jamais dire à aucun moment que la psychanalyse est une pratique qui n'a jamais apporté la preuve de son efficacité et qu'elle peut même être nocive (faux souvenirs, TMTC…)…

Donc on le rappelle : malgré 200 ans d'histoire, la #psychanalyse, quelle que soit la forme, n'a aucune efficacité démontrée pour traiter les problèmes psy et elle peut même être dangereuse pour la santé mentale.

Réussi à citer Sara Ahmed deux fois cette semaine en séance :

un fois parce qu'une patiente parlait de se "décoller" (du récit familial)

une autre fois, en parlant de répétition (au sens freudien) : "the more a path is used, the more a path is used"

(et il m'arrive fréquemment d'utiliser l'adjectif "inconvenient", que j'emprunte à Laurent Berlant)

(je suis en train de devenir un psychanalyste phénoménologue féministe queer - c'est vrai en plus, j'assume totalement - de là à créer un "nouveau courant", peu me chaut, je laisse ça à d'autres - mais quand on vient dans mon cabinet, faut s'attendre à voir surgir ce genre de modèles de temps en temps - comme je dis parfois à mes patient‧es : vous n'allez pas voir "la psychanalyse", mais "un‧e" psychanalyste, qui vous reçoit avec ce qu'il/elle est - mobilier conceptuel compris - tout cela est évidemment très "bionien" : WR Bion vous recevait avec Platon, Milton et Shakespeare :

outsiderland.com/danahilliot/l

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"Dans un monde où les violences faites aux enfants demeurent un tabou profondément enraciné, Réinventer l’enfance explore avec une approche politique et intime, les mécanismes de la domination adulte et les traumatismes systémiques qui marquent les vies des enfants d’hier et aujourd’hui. Un film chorale entre colère, espoir et résilience qui invite chacun.e à repenser son histoire et a transformer les dynamiques sociétales, éducatives et familiales en faveur d’une enfance respectée.

"Une production on.suzane, écrit et réalisé par Ève Simonet" : on-suzane.com/programs/reinven

on-suzane.comRéinventer l'enfanceRéinventer l'enfance

ça me flingue ça :

"Kamel Daoud l'avait connue comme patiente de sa femme Aicha Dehdouh, psychiatre, entre 2015 et 2023."

Le gagnant de la Star Academy de la Littérature (le prix G.) qui s'est emparé du récit de vie de Saâda Arbane, pour en faire un roman. Un vol, un viol, doublé d'une ignoble trahison : Car c'est l'épouse, psychiatre, du romancier, quui lui a gentiment raconté - après que sa patiente se soit confiée à elle.

francetvinfo.fr/societe/justic

En psychanalyse, l'éthique proscrit cet usage littéraire du récit des analysant‧es. La confidentialité n'est pas un vain mot. Elle doit être sacrée. Il existe des exceptions (par exemple une demande de la justice), mais ce doit être issu de la volonté de l'analysant‧e, ou et, a minima, avec son consentement explicite.

J'ai écrit un récit d'une centaine de pages il y a quinze ans, relatif à l'histoire d'une patiente exceptionnelle. Je ne l'ai absolument jamais diffusé, excepté à mon superviseur de l'époque, ** avec l'accord de la patiente **. Je ne puise jamais dans le corpus pléthorique de récits qu'il m'a été donné d'entendre en presque 20 ans de carrière pour mes oeuvres littéraires. Je n'y pense même pas. Non seulement parce que c'est la règle, mais parce que je dois ce respect à mes patient‧e‧s. Ce serait ni plus ni moins qu'une trahison.

Il arrive que dans les groupes d'analyse clinique les analystes présent‧es évoquent des situations cliniques significatives, à partir desquelles une discussion s'engage. Mais là encore, les récits sont non seulement anonymisés, mais aussi modifiés de manière importante. (ils doivent l'être en tous cas).

Le travail de supervision, qui se passe dans la plus stricte privauté entre deux analystes, constitue une exception (un analyste vient "chercher auprès d'un collègue un autre point de vue dans des situations complexes) : mais la règle de la confidentialité s'applique radicalement, rien ne doit sortir de cette conversation)

Chez les Bioniens (qui travaillent avec les modèles et les techniques élaborés par W.R. Bion), dont je suis, dans ces groupes de travail, on prend soin de n'évoquer que des fragments de "scènes" extraites de la séance, sans donner la moindre indication sur le genre, l'âge ou les traits physiques de la personne. (et l'on s'attache d'abord à repérer les effets de ces expériences sur la psyché de l'analyste, ses associations de pensées, ses émotions, etc.)

Bref.

Je sais bien que cette proscription de l'usage du matériel des séances n'était certainement la règle dans la première moitié de l'histoire de la discipline. C'est venu plus tard. Et encore aujourd'hui, je ne suis pas sûr que tout le monde la respecte scrupuleusement dans le métier. Je ne fais pas d'illusion sur certain‧es de mes collègues (notamment ceux qui vendent des livres et aiment défiler dans les médias). Mais, très très majoritairement, elle est respectée.

L'histoire de Saâda Arbane me fait irrésistiblement penser à celle que raconte Ingeborg Bachmann, dans son roman inachevé, Franza. L'histoire d'une femme que son ignoble époux, psychiatre, considère comme un "cas" et la maltraite en conséquence (notamment en l'abrutissant avec des médicaments)

CABINETS D'ANALYSE

À l’heure où, éventuellement (si tout se passe bien, ce qui n’est pas du tout certain) je m'apprête à déménager une quatrième fois le cabinet où je reçois mes patients (qui se font rares il est vrai) dans les mois qui viennent, je me suis rappelé les endroits où j’ai été reçu quand j’étais moi-même patient, ou bien jeune analyste en supervision.

Et c’est assez amusant de constater la diversité radicale de ces endroits, leurs aménagements : le cabinet ressemble à l’analyste évidemment, et la singularité prime : il n’existe aucune norme, aucun modèle préétabli (excepté toujours la présence d’un divan qu’il soit occupé ou pas).

Mon premier analyste était une vraie caricature de Lacanien pur jus, qui n’a pas pipé un seul mot pendant les quelques séances où je me suis traîné jusqu’à son cabinet minuscule, aussi minimaliste dans son décor que l’était son verbe. Excepté le mandala au mur, tout le reste était blanc.

J’ai aussi à cette époque (je devais avoir 32 ou 33 ans) consulté un psychiatre, un type qui avait bossé avec Jean Oury, drôle, tout le contraire du premier, qui fumait comme un pompier durant les séances dans un chouette bureau avec une bibliothèque assez fournie. Je lui dois beaucoup à celui-là (par exemple le titre d’un de mes livres : « sauver sa peau »)

La troisième n’était pas psychanalyste mais psychothérapeute. Elle m’accueillait dans une vaste pièce débordant de dessins et de jouets d’enfants, entourés de banquettes confortables et colorées. Les “exercices” qu'elle me proposait visaient à provoquer chez moi une sorte de régression dont elle espérait sans doute qu’elle me révèle je ne sais quoi au juste. C’était à la fois extrêmement doux, très physique, et extrêmement brutal. J’ai arrêté après qu’on ait failli faire l’amour sur la banquette entre deux nounours en peluche, et qu’elle m’ait parlé d’un stage de groupe à l’Espace du Possible, le camping que décrit Houellebecq dans les Particules Élémentaires (j’avais failli éclater de rire, parce que j’avais lu le bouquin). Je dirais qu’au niveau de « gestion du transfert », elle faisait absolument n’importe quoi, mais elle était très attirante, je ne peux pas le nier (sauf que je n’étais pas là pour ça).

La psychanalyste qui m’a accompagné le plus loin, jusqu’à ce que je me décide à ouvrir mon propre cabinet en 2005 (j’avais donc 37 ans), recevait dans ce qu’elle appelait elle-même un bordel. C’était une femme assez âgée, lacanienne catholique, ça ne s’invente pas, mais vraiment percutante, drôle et décapante : elle ne me faisait pas de cadeaux et c’est la raison pour laquelle je l’aimais beaucoup. Son cabinet ressemblait à un appartement bohème des années 60, ça sentait l’encens et le patchouli, le divan était toujours encombré de tas de trucs, des couvertures, des oreillers, et les innombrables traces psychiques, fantômes, hantises, des patient.e.s qui étaient venus s’épancher avant moi. Notre périple, une véritable aventure, a duré quelques années.

À Paris, j’ai visité trois autres cabinets. Le premier était celui d’un type assez génial, mon superviseur (dont je dévorais les livres compliqués avec passion et qui m’a beaucoup appris et encouragé dans mes élaborations “théoriques”, notamment autour de l’œuvre de W.R. Bion) qui habitait un appartement bourgeois près de la gare du Nord. Son bureau était garni d’une très belle bibliothèque, mais le plus épatant c’était la guitare classique qu’il posait bien en vue au beau milieu de sa salle d’attente. On ne pouvait pas rater le fait que le psy était musicien (il y avait chez lui un narcissisme assez marqué, ce dont je me foutais tant il était brillant et pour l’aide qu’il m’apportait concernant des cas compliqués).

Pour être admis comme membre d’une vénérable association de psychanalyse, il a fallu que j’aille me présenter (et me faire évaluer, quelle horreur) par deux autres analystes. L’une était une richissime professeure aux universités qui vivait dans un palace près du Louvre. C’était tellement luxueux, j’osais à peine y poser mes chaussures de rando – je hais la grande bourgeoisie. J’ai fait mine de m’asseoir dans un fauteuil à l’entrée. Elle a grimacé. Non pas ici. Et m’a conduit dans une sorte de chambre des merveilles (si vous aimez le luxe ancien). J’ai absolument détesté. Quelle conne !

L’autre “examinateur”, je l’aimais bien : un des rares spécialistes de Bion en France, dont j’avais suivi les cours (pas terribles dois-je admettre), mais vraiment adorable. La piaule qui lui servait de cabinet, près de Port Royal, ressemblait à une chambre de bonne dans laquelle il avait réussi à loger, dieu sait comment, 5 000 bouquins empilés par terre, qu’il fallait enjamber pour rejoindre un des deux divans perdus dans cet océan de livres. Pendant que je m’installais sur un des divans, il allait s’allonger sur l’autre, et nous rêvions ensemble, comme il est d’usage chez les disciples de Bion 😅

Il y en a eu quelques autres, et les miens donc !

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J'en peux plus d'être dans un pays où parce que de misogynes barbus faisaient la loi il y a deux siècles on soit obligés de se cogner leurs conneries encore et encore

Sérieux, des fois je passe plus de temps à trier les articles et à expliquer à mes collègues pourquoi la #psychanalyse c'est naze qu'à bosser c'est extrêmement énervant

Cairn c'est une plate-forme que j'adore. J'y passe beaucoup trop de temps à lire et a augmenter ma pile à lire sur Zotero.

PAR CONTRE : à quel point ce site est fucked up ??? Quand je tape "anamnèse" le premier résultat est un livre psychanalytique datant de 2009 et le deuxième (vous êtes pas prêt-es je vous le dis) c'est... un livre sur l'EFT pour "emotional freedom technique", un acronyme impressionnant et pompeux qui cache encore une fois une pratique thérapeutique n'ayant rien de scientifique.

Je suis en santé publique et je ne peux même pas faire de la recherche sur des notions basiques sans tomber sur des pseudo-sciences c'est trop grave.

C'est devenu presque un rituel ces dernières élections de regarder ces florilèges de candidats d'extrême droite invités sur des chaînes de TV régionales - et leur litanie d'hésitations, de réponses lunaires, de délires et de maladresses.

En fait, ça m'a fait rire les premières fois, mais désormais, plus du tout. J'éprouve un certain malaise, un embarras, qui n'a rien à voir avec la pitié ou la compassion (ces imbéciles pourraient demain s'avérer être de véritables criminels - étudiez les biographies de quelques meneurs de lynchages, ou de criminels de guerre pour vous en convaincre, j'en ai lues assez pour m'en persuader en tous cas). Je passe à autre chose au bout de quelques secondes : même la curiosité, à vrai dire perverse (voyeuriste à tout le moins), de voir jusqu'où les mènera ce naufrage, ne me retient pas.

Non. Pas la pitié. Mais très exactement ce que Pierre-Henri Castel, dans un article publié sur son blog, appelait : "la honte pour autrui".

pierrehenri.castel.free.fr/Art

PHC a sans doute écrit les pages les plus profondes sur la honte. Il prenait l'exemple (je cite tout cela de mémoire), d'un récit de Jean-Jacques Rousseau, dans les Confessions (déjà un très grand livre sur la honte - Rousseau est dira PH. Castel, un "artiste moral de la honte", mais la culpabilité n'est pas son fort comme on le sait). C'est, comme toujours chez Rousseau, d'une finesse incroyable, d'une exactitude dans l'observation de ses propres sentiments dont peu de gens sont capables.

"Le lendemain, jour de la représentation [du Devin de village] j'allai déjeuner au Caffé du grand commun. Il y avoit là beaucoup de monde. On parloit de la répétion de la veille, et de la difficulté qu'il y avoit eu d'y entrer. Un Officier qui étoit là dit qu'il y étoit entré sans peine, conta au long ce qui s'étoit passé, dépeignit l'Auteur [ de la pièce, Rousseau lui-même donc], rapporta ce qu'il avoit fait, ce qu'il avoit dit; mais ce qui m'émerveilla de ce récit assez long, fait avec autant d'assurance que de simplicité, fut, qu'il ne s'y trouva pas un seul mot de vrai. Il m'étoit clair que celui qui parloit si savamment de cette répétition n'y avoit point été, puis qu'il avoit devant les yeux sans le connoitre, cet Auteur qu'il disait avoir tant vû. Ce qu'il y eut de plus singulier dans cette scène fut l'effet qu'elle fit sur moi. Cet homme étoit d'un certain age; il n'avoit point l'air ni le ton fat et avantageux; sa physionomie annonçoit un homme de mérite, sa croix de St Louis annonçoit un ancien officier. Il m'interessoit malgré son impudence et malgré moi: tandis qu'il débitoit des mensonges, je rougissois, je baissois les yeux, j'étois sur les épines; je cherchois quelque fois en moi-même s'il n'y auroit pas moyen de le croire dans l'erreur et de bonne foi. Enfin tremblant que quelqu'un ne me reconnut et ne lui en fit l'affront, je me hâtai d'achever mon chocolat sans rien dire, et baissant la tête en passant devant lui, je sortis le plus tot qu'il me fut possible, tandis que les assistans peroroient sur sa rélation. Je m'apperçus dans la rue que j'étois en sueur, et je suis sûr que si quelcun m'eut reconnu et nommé avant ma sortie, on m'auroit vu la honte et l'embarras d'un coupable, par le seul sentiment de la peine que ce pauvre homme auroit à souffrir si son mensonge étoit reconnu"

Rousseau, Les confessions, Pléiade vol. 1, Gallimard, Paris, pp.376-377

pierrehenri.castel.free.frLa honte dans les thérapies comportementales et cognitives